La haine de l'islam pour les non musulmans (David Bukay)
Une analyse des sources de l'infidélophobie.
L'idée que « le choc des civilisations » entre l'Occident et le monde islamique est un choc de valeurs entre un
monde post-chrétien, laïc et tolérant, et une minorité (importante quand même) de musulmans
fondamentalistes, littéralistes, qui pervertissent le sens de leurs traditions religieuses, est diffusée par de
nombreux médias occidentaux, et relève de l'évidence pour la sensibilité de gauche et multiculturaliste.
Le verset coranique « Il n'y a pas de contrainte en religion » (1) est fréquemment invoqué pour prouver que
l'Islam n'est pas la religion intolérante et avide de domination qui transparait du discours de clercs islamistes
comme Youssef Qaradawi et des actes de terroristes comme Oussama Bin Laden. On admet généralement que
« l'Islam, c'est la paix » (2) comme l'avait dit l'ancien président George W Bush peu de temps après l'attentat
Mais qu'en est-il si Bush, comme la majorité de l'opinion, méconnaissait la réalité du noyau doctrinal de
l'Islam ? Les croyances islamistes sont-elles réellement les positions d'une minorité perverse ou le reflet le
plus exact de la nature intime du système religieux musulman ? L'Occident pourra-t-il jamais obtenir un
modus vivendi avec un Islam qui par nature considèrerait la civilisation occidentale comme celle d'un « Autre
» impur, devant au mieux s'inscrire dans l'orbite de l'Islam et au pire être asservie ou détruite ?
[« O vous qui croyez, les associateurs ne sont qu'impureté. » S. 9,28 ]
Un examen approfondi du noyau doctrinal de l'Islam s'impose à ceux qui s'étaient délectés de la panacée du
multiculturalisme. Ils doivent approcher le système de croyances musulman de l'intérieur, en commençant par
l'un de ses principes les plus fondamentaux, la doctrine al-Wala wal-Bara (l'amour et la haine au nom de
AMOUR ET HAINE AU NOM D'ALLAH
Dans son introduction de 2005 au principe al-Wala wal-Bara explicité par Mohamed Qahtani, le cheikh Abdar
Razaq Afifi, président-adjoint du Département de la Guidance et membre du Conseil des grands oulémas
d'Arabie Saoudite écrit :
Le sujet en question est de la plus grande importance et d'un intérêt extrême. Premièrement il se rapporte à
l'un des principaux fondements de l'Islam et il repose sur deux conditions clés d'une véritable foi : al-Wala est
une manifestation d'amour sincère pour Allah, son Prophète et les Croyants ; al-Bara est une expression
d'animosité et de haine envers le mensonge et ses adeptes. Ces deux aspects sont le c?ur d'une foi véritable.
En second, ce principe est apparu à un moment véritablement crucial, où les musulmans n'étaient pas
conscients de ces deux qualités qui permettent de distinguer les croyants des incroyants ; leur foi était devenue
si faible qu'ils avaient pris les Infidèles pour amis et qu'ils réservaient leur animosité aux croyants. (3)
Le traducteur en anglais de Qahtani ajoute l'idée suivante :
Il est impossible de fournir une traduction littérale en anglais de al-Wala wal-Bara, mais ces termes de la
langue arabe prescrivent, d'un côté de se rapprocher de ce qui plait à Allah et à son messager, et de l'autre, de
mettre à distance ce qui déplaît à Allah et à son messager. (4)
Al-Wala wal-Bara implique donc une loyauté totale envers l'Islam et un reniement total de tout ce qui lui est
étranger. C'est l'un des principaux piliers de l'Islam, de la plus grande importance, venant en second, juste
après tawhid, la reconnaissance de l'unicité de Dieu. L'allégeance totale et l'amour ne doivent être consentis
qu'au sein de la communauté islamique, tandis que le rejet, la haine et l'animosité envers l'Autre sont un
commandement découlant des fondements coraniques.
« Si tu aimes Allah alors suis-moi, pour qu'Allah t'aime et te pardonne tes fautes? Allah n'aime pas les
Infidèles? Leur place est en enfer, et ils y resteront à tout jamais. » (5)
« Sont mécréants ceux qui disent : ? Allah est le troisième d'une triade.' Il n'est de dieu qu'un dieu unique. Et
s'ils ne cessent de le dire, certes un châtiment douloureux touchera les mécréants d'entre eux. » Coran 5 :73
« Quiconque associe à Allah [d'autres divinités] Allah lui interdit le Paradis ; et son refuge sera le Feu. Et pour
les injustes, pas de secoureurs. » Coran 5 :72
Ces deux versets visent les chrétiens qui sont des associateurs et que « Allah et son Messager » désavouent
Coran 9 :1 ? 5, 28, 29, 30
La doctrine al-Wala wal-Bara est née dans le système tribal pré-islamique arabe d'où elle s'est étendue à la
Oumma (la communauté islamique). Les notions d'amour et de loyauté étaient en vigueur dans la famille et le
hamula (le clan), tandis que le soupçon et la haine étaient réservés à ceux qui se situaient à l'extérieur du clan,
à « l'Autre » en général, celui qui n'obéit pas aux enseignements de Muhammad. La Oumma islamique s'est
constituée comme une super tribu sur la base du lien religieux. (6)
Le commentateur médiéval Ibn Taymiya (1263-1328) l'une des autorités religieuses les plus citées par les
Wahhabites et les Salafistes, illustre al-Wala wal-Bara de la façon suivante :
Quiconque aime au nom de Allah et hait au nom de Allah, et quiconque scelle une amitié en Son nom, ou
déclare une animosité en Son nom, recevra la protection d'Allah. Nul ne peut goûter la vraie foi hors de ce
cadre, même s'il prie et s'il jeûne beaucoup. (7)
Une application littérale de ce cadre conceptuel a été apportée par Abdul Aziz bin Abdullah bin Baz, un
ancien premier mufti d'Arabie Saoudite. Il avait prononcé avant la guerre d'Irak de 2003, une fatwa
(commandement religieux) qui interdisait de rechercher l'aide des Infidèles (kuffar) pour le jihad et enjoignait
aux musulmans d'éprouver de la haine pour les non-musulmans et de faire preuve d'hostilité à leur endroit. (8)
La question de la relation des musulmans avec les Infidèles est l'une des plus importantes en Islam. L'attention
portée à ce sujet est considérable : 64 % du total du Coran traite de cette relation, 81 % de la Sira (biographie
de Muhammad) et 37 % des hadiths (propos attribués à Muhammad) sont aussi centrés sur ce thème. Au total,
près des deux tiers de la charia (loi islamique) sont consacrés aux Infidèles. (9)
Ce qui apparaît clairement quand on se penche sur ce sujet, c'est que l'Islam ne s'intéresse pas à la fraternité
universelle, comme on le dit souvent, mais à la fraternité entre les Croyants, les membres de la Oumma.
(10) Le corollaire de ce principe est un antagonisme absolu envers « l'Autre. » (11)
Il y a dans le seul Coran, plus de 400 versets qui décrivent les tourments qu'Allah a préparés pour les Infidèles
en enfer. Le Coran déshumanise les Infidèles : ce sont de vils animaux, des bêtes, les pires des créatures et des
démons, (12) des transgresseurs pervers et des compagnons de Satan (13) qui doivent être combattus jusqu'à
ce qu'il ne reste qu'une seule religion, celle d'Allah. (14) On doit les décapiter, (15), les terroriser, (16) les
annihiler, (17) les crucifier, (18) les punir et les expulser, (19) et il faut utiliser contre eux des stratagèmes, ne
pas hésiter à les mystifier. (20) Les Croyants doivent entretenir un état de guerre perpétuel avec les Infidèles.
Puisque pour l'essentiel, la seule guerre légale est le jihad, et puisqu'il a pour objectif que la seule religion soit
celle d'Allah [2:189, 8:39] et que la parole d'Allah occupe le rang le plus élevé, [9:40] il s'ensuit, pour tous les
musulmans, qu'il faut combattre tout ce qui fait obstacle à cette orientation. Quiconque combat Allah mérite la
L'origine coranique de cette conception n'est pas mystérieuse. Dans l'esprit de al-Wala wal-Bara, les
musulmans doivent être pleins de compassion les uns pour les autres, mais impitoyable avec les Infidèles. On
ne peut pas prendre les Infidèles pour amis. « L'hostilité et la haine » doivent persister jusqu'à ce que le Fidèle
« croie en Allah et en lui seul. » (23) Les Infidèles sont des gens haïssables et maudits, vils et diaboliques (24)
couverts de honte et égarés. (25) Même les membres de sa propre famille ne doivent pas être pris pour amis
s'ils ne sont pas musulmans. (26).
Comme l'a dit Bernard Lewis :
L'Islam est toujours le critère ultime de l'identité du groupe et de sa loyauté. C'est l'Islam qui permet de
distinguer entre soi et les autres, entre le groupe et les allogènes, entre le frère et l'étranger? La définition
ultime de l'Autre, l'étranger et le présumé ennemi, est incarnée par le kafir [Infidèle]. (27)