LA SUPREMATIE DES MUSULMANS ET LE CHEMIN DE LA GUERRE
L'impératif islamique de soumettre la planète par l'établissement d'une Oumma universelle est le résultat
logique de cette conception du monde. (56) Puisque les paroles d'Allah, (telles qu'elles ont été rapportées par
Muhammad) sont intrinsèquement supérieures, (57) les lois élaborées par les hommes constituent en
elles-mêmes un péché : elles doivent être remplacées par la charia. Il serait monstrueux d'embrasser al-Bara et
de tolérer que l'humanité ignore la perfection de la loi d'Allah : faire naître le monde le plus parfait qui soit
imaginable par des moyens politiques ou par d'autres moyens, est donc un devoir religieux. (58)
Comme l'Islam est un système religieux parfait, reflétant la sagesse d' Allah depuis le début des temps, il se
situe au-dessus et au-delà de toutes les autres religions. (59) Les musulmans sont les meilleurs de tous les
peuples et leur récompense est une vie luxueuse au Paradis. (60) Le terme dawa (61) souvent traduit par «
prêche » ou « enseignement, » est plus littéralement une « invitation » envoyée à toute l'humanité pour qu'elle
accepte l'Islam comme seule véritable religion, et qu'elle se soumette à ses commandements. (62) L'attitude
alternative, comme permettre aux peuples de se vautrer dans leur ignorance, irait fondamentalement à
l'encontre d'al-Wala wal-Bara, ce que ne saurait jamais tolérer un bon musulman (celui qui connait le mieux la
Il en découle un impératif :
Tuer ou être tué au nom de l'islam est un devoir prestigieux.
Voyons, Allah a donné aux Croyants leur vie et leurs biens, Il leur a promis le Paradis en récompense, [et c'est
pour cela] qu'ils combattent pour la cause d'Allah, [Jihad Fi Sabilillah] qu'ils tuent et qu'ils sont tués. Sa
promesse émane en vérité de Lui-même, exprimée [dans les paroles] de la Torah, des Évangiles, et du Coran.
Et qui pourrait être plus fidèle à ses engagements qu'Allah ? (63)
En tant que peuple choisi par Allah, les musulmans n'ont pas à ressentir de culpabilité ou de remord envers les
Infidèles. Le monde est divisé en deux royaumes distincts : Dar al-islam (la maison de la soumission) et Dar
al-harb (la maison de la guerre). La seule relation justifiée entre les deux royaumes est l'état de guerre
perpétuel. Il ne peut y avoir de paix avec les non-musulmans mais seulement des trêves temporaires. (64) Le
concept de guerre juste dans l'Islam est celui d'une guerre dirigée contre les Infidèles, quelque soient les
causes et les circonstances, puisqu'il est toujours moralement justifié et religieusement légitime de combattre
Le jihad est l'état normal des relations entre les Croyants et les Infidèles. Les guerres islamiques sont futuhat,
racine arabe pour «ouvert», dans le sens où ces guerres ouvrent le monde au message de l'Islam. Les guerres
déclenchées par les Infidèles sont hurub, racine arabe pour « colère. » Un territoire conquis au cours du jihad
par les musulmans est waqf, il ne doit jamais être rendu. Tandis qu'un territoire conquis par les Infidèles est
considéré comme une terre occupée qu'il faut reprendre par la force. (65) Avec ce raisonnement, l'expansion
territoriale des forces musulmanes par la guerre n'est pas une agression mais l'accomplissement d'un
commandement coranique pour répandre l'islam.
L'islam considère la guerre comme le moyen d'établir la paix par la soumission de tous les Autres et la
consolidation de l'ordre islamique. Une pax islamica, recouvrant la terre entière est le but du jihad ; c'est donc
une guerre juste. Une hudna ou trêve ne doit pas entraîner l'abandon du jihad mais la suspension des hostilités,
une situation dormante à partir de laquelle un leader pourra relancer les combats à n'importe quel moment,
selon sa volonté. (66) Pour les musulmans, une paix permanente est un état théologique à atteindre pour
l'amour du bon (al-Wala) plutôt qu'une situation politique qui n'est jamais qu'une paix temporaire permettant
d'obtenir un avantage stratégique.
Cinq fois par jour, les musulmans déclarent leur allégeance et leur soumission totale à Allah en récitant les
versets ouverts du Coran. Si les cinq premiers versets ne suscitent aucune objection, les versets six et sept
prennent une couleur particulière à la lumière de la doctrine al-Wala wal-Bara.
[6] Guide-nous sur le droit chemin, [7] le chemin de ceux qui ont eu tes faveurs, pas celui de ceux contre
lesquels il y a de la colère, ni celui de ceux qui se sont égarés
L'un des premiers exégètes du Coran, al-Tabari (838-923) expliquait dans son Commentaire du Coran que «
ceux contre lesquels il y a de la colère » sont les Juifs tandis que « ceux qui se sont égarés » sont les chrétiens.
Cette vision persiste jusqu'à nos jours comme on peut le voir dans la récente traduction du Coran d'al-Hilali et
Khan, validée par le gouvernement saoudien. Elle circule dans les librairies, les mosquées et même dans les
prisons. Il s'ensuit qu'en dépit du maquillage intensif des préjugés inhérents à l'Islam pour présenter les Juifs et
les chrétiens comme « les peuples du livre » (ahl al-Kitab) plutôt que comme de véritables Infidèles, l'un des
piliers centraux de la foi islamique, cette traduction maintient que les Juifs et les chrétiens sont
« l'Autre » qu'il faut garder à distance si l'on veut vivre selon les préceptes al-Wala wal-Bara.
De fait, les juristes musulmans prennent soin de faire cette distinction. Sous la loi islamique, et seulement
sous la loi islamique, les Juifs et les chrétiens sont considérés comme ahl adh-Dhimma, un groupe protégé de
citoyens de seconde classe, statut justifié par leur relation avec le « Livre » (la Bible). Quand les Juifs et les
chrétiens résident dans un lieu non soumis à la loi islamique (c'est le cas des Juifs dans l'État d'Israël), alors ce
ne sont plus des ahl adh- Dhimma, mais des Infidèles. (68)
L'amour et la haine au nom de Allah ne vise pas seulement les adeptes des autres obédiences religieuses, mais
il contient aussi une composante interne. La pratique consistant à tenir des musulmans pour des Infidèles
(takfir) du fait de leur piété insuffisante, est largement pratiquée par les salafistes et les Wahhabites. Les
jihadistes utilisent ce qualificatif pour justifier l'usage de la violence contre des musulmans.
Les jihadistes avancent fréquemment un dicton attribué à Muhammad :
Cette communauté se divisera en 73 sectes, 72 d'entr' elles iront en enfer et une seule ira au Paradis et ce sera
Les jihadistes, de même que les musulmans fondamentalistes, croient qu'il y a « une secte sauvée » (at-Ta'ifa
al- Mansura), le seul groupe en possession d'une version correcte de la foi islamique. Au concept de takfir,
avancé par Ibn Abd al-Wahhab (le fondateur du mouvement Wahhabite), s'ajoute le commandement selon
lequel on est au seuil de l'apostasie si l'on ne montre pas un niveau suffisant de wala (l'allégeance à cette
vision d'une véritable foi musulmane) ou un niveau adéquat de bara (le rejet des non-musulmans, y compris
celui des mauvais musulmans). (70)
Un forum Internet jihadiste cite Sayyed Imam al-Sharif, alias "Dr. Fadl,? et Abdul Qadir bin Abdul Aziz, le
mentor du chef actuel d'al-Qaeda, Ayman al-Zawahiri :
Le devoir le plus important de ..[la Secte Sauvée] de notre époque, c'est d'engager le jihad contre les régnants
apostats qui ont modifié la loi d'Allah, et qui gouvernent les musulmans avec des lois hérétiques d'origine
humaine.... les salafistes-jihadistes sont at-Ta'ifa al-Mansura: ils ont promis la victoire contre leurs ennemis et
les ennemis de l'islam. (71)
Le lien avec al-Wala wal-Bara est indiqué de façon on ne peut plus claire sur un autre forum Internet jihadiste
Qui est at-Ta'ifa al-Mansura ? Al-Bukhari a dit que c'est le peuple de la connaissance. D'autres docteurs de la
foi disent que c'est Ahl al-Hadith [Sunna]. Al-Nawawi a dit : il y a ceux qui ordonnent le bien et qui
interdisent le mal [al-Wala wal-Bara].(72)
La doctrine al-Wala wal-Bara est utilisée pour séparer les musulmans des Infidèles, mais en même temps pour
repérer les musulmans qui sont en train de devenir taghut (idolâtres). Comme "Secte Sauvée", les groupes
salafistes-jihadistes croient avoir le droit divin de juger le niveau d'observance des gens et de les tuer si
nécessaire. Les musulmans ont l'obligation de lutter contre les idolâtres qui ne suivent pas ce qu'Allah a
Identifier les groupes taghut est au c?ur de la lutte des jihadistes contre les régimes musulmans qui n'obéissent
pas à leur conception de l'Islam. Leur doctrine légitime les attentats terroristes. De leur point de vue, ces
attentats sont fondés sur un hadith :
« si quelqu'un quitte la religion islamique, tue-le. » (73)
Les salafistes-jihadistes peuvent accuser n'importe quel dirigeant d'être takfir s'il met en place un système
politique en contradiction avec leur interprétation, la seule exacte, de l'Islam. (74)
56 Coran 7:158; 9:33; 21:107: 12:109; 21:22.
58 Coran 4:141; 5:17; 10:68; 40:62; 46:33; 48:14; 63:8.
59 Coran 5:3; 9:33; 12:109.
60 Coran 9:72; 48:17; 61:12.
64 Majid Khadduri, War and Peace in the Law of Islam (Baltimore: The Johns Hopkins Press, 1979), pp.
53-4, 64-5, 134-6, 220-1.
65 Ibn Rushd, Bidayat al-Mujtahid wa-Nihayat al-Muqtasid (Beirut: Dar al-Kutub al-'Ilmiya, 1991), vol. 1,
pp. 454-87; Naqib al-Misri, Umdat as-Salik (Lahore: Qazi, 1997), pp. 599-605.
66 Ibn Rushd, Bidayat al-Mujtahid wa-Nihayat al-Muqtasid, vol. 1, pp. 454-87; Misri, Umdat as-Salik, pp.
599-605; Hasan Ali Ibn Muhammad al-Mawardi, al-Ahkam as-Sultaniyyah (Reading: Center for Muslim
Contribution to Civilization, 1996), pp. 43-7, 137, 182.
67 Muhammad Ibn Jarir at-Tabari, Tafsir al-Qur'an (Beirut: Dar al-Kutub al-Ilmiyah, 1992), relating to
Qur'an, 2:61; Jews, 5:60; Christians, 5:77.
68 Ibn Qaym al-Jawziyah, Ahkam Ahl adh-Dhimma (Damascus: Dar al-Qalam, 1997).
69 Derives from hadith of Sijistani, Sunan abu-Dawud, vol. 3, no. 4580.
70 Sheikh Muhammad Said al-Qahtani, al-Wala wal-Bara fil-Islam (Cairo: an-Nur al-Islamiyah, 1980), pp. 3,
71 Dr. Fadl, "Istifadat A'ada' al-Islam Min Wathiqat Tarshid al-Jihad wa-Faq al-Itifaq," accessed Apr. 19,
72 Qahtani, al-Wala wal-Bara fil-Islam, p. 29.
73 Sahih al-Bukhari, vol. 9, bk. 84, no. 57.
74 Abdul Aziz bin Abdullah bin Baz, "Wujub Tahkim Shar' Allah wa-Nabza Ma Khalafahu," accessed Apr.
19, 2013.