La doctrine de Fitra traite du concept islamique de nature humaine. Fitra est la prédisposition naturelle de tous
les êtres humains à reconnaître qu'il n'y a qu'un dieu, Allah et, par extension, de se soumettre à Sa volonté.
L'Islam est appelé Din al-Fitra, la religion de la nature humaine, parce que dans la conception musulmane ses
lois et ses enseignements sont appropriés pour la totalité de l'univers et de l'humanité.
La croyance que toute l'humanité est foncièrement musulmane, est conforme à cette doctrine. Tous les bébés
qui viennent au monde sont musulmans, et c'est seulement l'ignorance et l'inconséquence de leurs parents qui
les font changer de religion. Les preuves supposées de cette thèse proviennent des Ancien et Nouveau
Testaments. Tous les patriarches et les prophètes juifs et chrétiens étaient en fait musulmans : ils prêchaient
l'Islam des débuts et énonçaient clairement que Muhammad est le messager de Allah et le «Dernier des
Donc Abraham est supposé avoir prié :
« Soumets-nous, Ô Allah, à ta volonté » (75) tandis que les fils de Jacob auraient dit plus tard :
« Nous adorerons votre Allah, et le Allah d'Abraham, et d'Ismaël, et d'Isaac, le seul et unique Allah, et nous
nous soumettrons à lui. » (76) Moïse est supposé s'être exclamé :
« Ô mon peuple, si tu crois en Allah, place ta confiance en lui, sois obéissant. Son peuple répondit : nous
avons placé notre confiance dans Allah. » (77)
L'appropriation des figures bibliques par l'Islam s'étend au christianisme.
Marie est supposée avoir rapporté que Jésus aurait dit :
Il est sûr qu' Allah est mon seigneur et ton seigneur, que nous le servons, ce qui est le droit chemin. Et quand
Jésus percevait des marques d'incroyance chez ceux qui le suivaient, il disait: qui m'assistera sur le chemin
d'Allah ? Les disciples de répondre : nous sommes tes assistants (sur le chemin) d'Allah. Nous croyons en
Allah et nous portons le témoignage que nous sommes soumis. (78)
De même que les pères de l'Eglise utilisaient l'Ancien Testament pour prouver que Jésus-Christ avait été
annoncé par les prophètes, les exégètes musulmans cherchèrent aussi des témoignages sur Muhammad et la
preuve de son authenticité dans les Ancien et Nouveau Testaments. La promesse biblique de l'arrivée un jour
d'un nouveau prophète pour les enfants d'Israël (79) a été interprétée comme l'annonce de l'arrivée de
Mohammed en tant que « dernier » tous les prophètes. (80)
Le Cantique de Moïse se trouve dans le Deutéronome 33:2. Il y est dit:
« Yahvé est venu du Sinaï
Pour eux, depuis Seïr il s'est levé à l'horizon
Il a resplendi depuis le Mont Parân. »
Il est réinterprété de la même manière ; le Sinaï est le lieu où Moïse a reçu la Torah, Seïr l'endroit où Jésus a
eçu la révélation divine, tandis que Parân, une région montagneuse près de La Mecque, serait le lieu où Allah
s'est manifesté à l'humanité pour la dernière fois en apparaissant à Muhammad. (81) Les commentateurs
musulmans citent aussi Isaïe 42:1-4, les Psaumes 72:12-17, et Michée 4:1-2 comme preuves supplémentaires
du statut de prophète de Muhammad et de sa supériorité. (82) et saint Jean
Quand on les met face à face, al-Fitra semble contredire le concept al-Wala wal-Bara. Al-Wala wal-Bara est
exclusif, al-Fitra est inclusif. Al-Wala wal-Bara rejette l'autre. Al-Fitra annexe l'autre. Cependant, un examen
soigneux montre que al-Fitra n'est que la mise en pratique de l'ancienne forme de pensée dans une optique
totalisante. L'une et l'autre conçoivent un monde sous l'emprise d'Allah, la supériorité de l'Islam étant
évidente. La doctrine al-Fitra s'attache à prouver la supériorité de l'Islam contenu dans le message de
Muhammad, en en faisant la religion innée de toute humanité (attestée par les prophètes des Ancien et
Nouveau Testaments, en paroles et en actes.) Tous les autres systèmes religieux lui sont de ce fait inférieurs.
C'est précisément ce qui est le fond de la doctrine al-Wala al-Bara qui prescrit de se rapprocher de la parole
d'Allah et de rejeter tout ce qu'Il déteste, en particulier les croyances corrompues de l'Autre.
La doctrine al-Wala al-Bara joue un rôle critique dans la compréhension de la conception islamique du monde
et dans la perception de l'Autre, le second principe venant juste après tawhid, l'unicité d' Allah pour les
Fidèles. Sans cette doctrine, la foi est incomplète; elle est le critère utilisé pour distinguer entre les Croyants et
les ennemis de l'Islam. Tawhid ne sera jamais réalisé sur la terre tant que les Croyants n'appliqueront pas
al-Wala wal-Bara en s'inspirant du mode de vie de Muhammad (as-Sirat al-Mustaqim).(83) Puisque la
reconnaissance de la vérité du message de Mohammed est l'obligation islamique la plus essentielle, les
musulmans ont pour devoir d'imposer la charia à l'humanité. Les Infidèles qui résistent à l'Islam sont donc
responsables de la persistance de la violence et de l'absence de paix dans le monde. Ce sont eux qui forcent les
musulmans à prendre des mesures défensives pour protéger la vérité de l'Islam, à travers le jihad si nécessaire.
(84) La soumission ( à l'Islam) est la seule solution pour obtenir la paix dans le monde, et dans l'intérêt
supérieur de l'humanité, l'Autre doit perdre son altérité. Cette image d'elle-même nous aide à comprendre
pourquoi la multitude musulmane réagit violemment dans presque toutes les situations où l'honneur de son
prophète ou bien sa foi, semblent méprisés. Cette multitude se plaint en même temps être victime
d'oppression, d'agression, de racisme et d'une nouvelle bête noire taillée sur mesure, « l'islamophobie. »
Source : Islam's Hatred of the Non-Muslim, par David Bukay, ME Forum, Été 2013. Traduction par David
Jean-Pierre Bensimon, Un autre regard sur le Proche-Orient, no 11
80 Coran 33:40, Ismail Ibn Umar, Ibn Kathir, Tafsir al-Qur'an al-Azim (Cairo: Maktabat al-Malik Faisal,
81 Zaghlool Al-Najjar, "Paran in the Bible is Mecca today," accessed May 3, 2013; Coran 3:3, 7:157; "Mecca
is Bacca and Paran," Pss. 84:5-6; Coran 3:96-7.
82 "Eleventh Hadith: Man's Good-Seeking Nature," Ahlul Bayt Digital Islamic Library Project, al-Islam.org,
83 Taqi ad-Din Ahmad Ibn Taimiya, Majmu al-Fatawa (Riad: Maktabat al-Abiqat, 1998), vol. 28,
84 Coran 3:118; 4:89; 9:32, 34; 47:34-5; 2:217
E&D : En 1999, le ministre de l'Intérieur Jean-Pierre Chevènement (de gauche), le 1er ministre Lionel
Jospin (de gauche) et le Président de la République Jacques Chirac (de droite) se sont couchés devant
les instances musulmanes de France qui ont refusé de considérer l'apostasie comme libre, et
n'entraînant pas la peine de mort. Cette décision leur a été imposée par le Conseil Européen de la
Fatwa et de la Recherche, dirigée par Yussuf Al-Qaradawi.
La traduction " pas de contrainte en religion " me parait manquer de fidélité. Je traduirais plutôt par " pas de
contrainte dans la religion de l'Islam " ce qui introduit une ambiguïté dans le fait que le verset parle de la
religion en tant qu'ensemble de religion ou de la religion dans son essence la plus parfaite aux yeux du
rédacteur du coran. L'ambiguïté est levée par le coran