L?AUTOMNE DE TOUS LES PÉRILS
Les grèves s?intensifient alors dans tout le pays. De violents affrontements éclatent le 12 novembre à
Marseille, dans le bassin minier du Nord trois jours plus tard. En quelques jours, le pays entier est paralysé
par trois millions de grévistes. Plus de transports. Des sabotages se multiplient çà et là. Des groupes armés
Tout est prêt pour la révolution. Comme en Espagne en 1936. [ ]
Le 19 novembre, Ramadier démissionne en pleine crise. À défaut de Blum qui n?obtient pas l?investiture de
la Chambre, c?est au modéré Robert Schuman que Vincent Auriol s?adresse pour former un gouvernement.
Au fond, le président de la République n?est pas mécontent que ce soit un démocrate chrétien qui monte au
créneau pour affronter les grévistes et « sauver la République ».
Schuman est assisté, à l?Intérieur, par le socialiste Jules Moch, énergique et déterminé, mais qui ne cache
pas que la situation est désespérée, vu le peu de moyens en forces de l?ordre dont il dispose.
George Marshall écrit à Truman :
« Je me fais beaucoup de souci à propos de cette lutte pour le pouvoir en France.
Thorez vient de rentrer de Moscou ; le Kremlin lui a promis du blé.
Nous risquons de perdre la France. Les deux prochaines semaines seront cruciales. Il faut tout faire pour
empêcher un coup d?État communiste. »
Et l?ambassadeur américain à Paris de renchérir :
« La grève générale en France est supervisée par un agent spécial du NKVD. Les communistes jouent le
tout pour le tout. » (Nerin Gun, Les archives secrètes américaines, t. II, 1983, p. 115)
Le 27 novembre est créé un CONSEIL NATIONAL DE GRÈVE, composé exclusivement de cégétistes
Le lendemain, la nouvelle de la mort accidentelle du général Leclerc, en inspection en Afrique du Nord,
consterne le chef du gouvernement :
« Encore cela ! » soupire-t-il. Le 29 novembre, des débats s?ouvrent à la Chambre sur le vote des mesures à
À peine Schuman a-t-il pris la parole que des vociférations s?élèvent de l?extrême-gauche :
« Vous avez soif de sang », hurle un député communiste. « Salaud ! Chien couché ! Officier boche ! » crie
Les insultes pleuvent, tandis que les députés communistes, par d?interminables discours et amendements,
s?efforcent pendant quatre jours de retarder le vote. Dans le pays, l?agitation semble se développer suivant un
plan stratégique préparé d?avance.
Dans la nuit du 2 au 3 décembre, l?express Paris-Tourcoing déraille aux environs d?Arras.
L?enquête révèle un attentat communiste. Le bilan effraye l?opinion : vingt-quatre morts et une trentaine
Le 4 décembre, les R. G. de Tours font état d?un projet d?insurrection pour le 10 (L?année 1947, sous la
direction de Serge Berstein et Pierre Milza, 2000, p. 396).
Pour donner le change, on négocie au sommet.
Le dimanche 7 décembre, le bureau de la CGT au complet se rend chez le ministre du Travail, Daniel
Mayer, qui propose l?octroi d?une prime de 1500 francs à tous les salariés.
Mais le délégué général Benoît Frachon refuse l?accord et transmet à ses troupes le mot d?ordre :
« Tout est rompu, grève générale demain. »
Le lendemain, la Sainte Vierge intervenait en personne, dans un petit village perdu de Touraine :
Au moment où des catholiques "engagés" rêvaient de réformes de structures et de militance syndicale au
coude à coude avec les communistes, le Ciel se manifestait dans une vieille paroisse de Chrétienté, tenue par
un excellent prêtre qui avait trois amours dans le coeur :
sa paroisse, la Très Sainte Vierge et l?Eucharistie,
comme l?a établi un colloque tenu en décembre 2004 à L?Île-Bouchard
(Le message de L?Île-Bouchard, mémoire et espérance, p. 75-113).
C?est dans ce cadre traditionnel, paroissial, familial, que sortit le salut de la France.