Les apparitions de l?Ile-Bouchard
extraits de « Il est ressuscité » n° 41, déc. 2005
Novembre 1947. La révolution gronde en France.
Le pays est au bord de l?abîme : faillite économique due à une gestion calamiteuse de l?après-guerre,
impuissance des pouvoirs publics, grèves à caractère insurrectionnel dans un climat international de guerre
froide, tout est prêt pour le Grand Soir que les communistes attendent depuis 1917, en France depuis
Le maire communiste d?une ville ouvrière du Gard en témoigne :
« Les grèves de 1947-1948 ont été terribles. C?était une lutte armée Les mineurs avaient gardé l?esprit
maquisard. Ils avaient de vieux fusils et des bâtons. Nos gars rêvaient toujours à la libération ; ils croyaient
que la révolution allait venir. Pour nous, les responsables du Parti, c?était très difficile de contenir nos
camarades. Ils étaient prêts à tout foutre en l?air Les socialistes étaient au ministère. » (cité par Dominique
Desanti, L?année où le monde a tremblé, 1976, p. 336)
[ ] Que l?Immaculée (La Vierge MARIE) soit intervenue en 1947 dans nos affaires politiques remet en
cause l?agnosticisme de notre histoire officielle et le laïcisme bétonné de notre État républicain. Car les faits
Tout le monde parle du "coup de Prague" du 21 février 1948, où les Soviétiques s?emparèrent de la ville par
la force, remettant dans le camp communiste la Tchécoslovaquie qui avait tenté de s?en évader. On sait moins
qu?un autre coup se préparait en France, un an plus tôt.
Les Soviétiques disposaient alors en effet dans notre pays de 1 500 à 2 000 cadres à leur solde, ce qui leur
permettait de lire à livre ouvert chez nous (L ?espionnage soviétique en France, P. de Villemarest, NEL,
De 1943 à 1947, le parti communiste a consolidé son dispositif de double pouvoir : au gouvernement et dans
Inlassablement, il a renforcé ses structures et amélioré son encadrement. « Il domine la CGT, force
primordiale du syndicalisme français. Il a placé ses hommes dans les entreprises nationalisées. Il
dispose d?une presse nombreuse, n?est pas dépourvu de moyens financiers, ni d?armements, car peu
d?armes ont été rendues après la Libération. » (Le parti communiste veut-il prendre le pouvoir ?
Jean-Jacques Becker, 1981, Seuil, p. 189)
Le 5 mai 1947, cinq ministres communistes sont renvoyés par le socialiste Ramadier, pour avoir "trahi" la
solidarité gouvernementale, en refusant de voter des crédits pour l?Indochine et en critiquant sa politique
C?est la fin du tripartisme et le commencement des troubles sociaux. L?impuissance de l?État provoque la
montée en puissance des forces révolutionnaires, par syndicats et partis interposés.
Le ravitaillement devient de plus en plus difficile. La ration quotidienne de pain est réduite à 250 grammes en
mai, puis à 200 grammes en août. Les prix des denrées alimentaires flambent. Le pays ne vit plus qu?en
achetant des céréales et du charbon aux États-Unis, liquidant pour cela ses dernières réserves monétaires. Le
déficit de la balance commerciale a doublé en deux ans. Les caisses sont vides : le stock d?or est passé de 1
600 tonnes en 1944 à 400 en décembre 1947.
William Clayton, sous-secrétaire d?État américain au Trésor, envoyé par le président Truman pour évaluer la
situation en Europe, revient effrayé de sa mission. Le plan Marshall est alors proposé le 5 juin « contre la
faim, la misère, le désespoir et le chaos ».
L?Union soviétique refuse de s?y associer, accentuant sa mainmise sur les pays d?Europe centrale et
s?engageant dans une nouvelle étape de réarmement. C?est le début de la guerre froide.
Le PCF, qui entend revenir au pouvoir, hésite encore à s?engager dans la lutte contre le gouvernement. Mais,
du 22 au 28 septembre, une réunion secrète des représentants des neufs partis communistes européens à
Sklarska Poreba en Pologne, permet au Kominform, bureau de propagande du communisme international, de
les reprendre en main. « Le monde, leur explique Jdanov, est désormais divisé en deux camps antagonistes.
Plus aucune alliance n?est possible avec les autres partis de gauche. Il faut combattre à fond le nouvel ennemi
: l?impérialisme américain. »
Les communistes français, accusés d?avoir cédé au "crétinisme parlementaire" ( !) et "oublié" de prendre le
pouvoir en 1944, doivent faire leur autocritique.
Le 2 octobre, au vélodrome d?hiver, Maurice Thorez s?exécute et déclare que le moment est venu «
d?imposer un gouvernement démocratique où la classe ouvrière et son parti exercent enfin un rôle
dirigeant. Il faut que ça change ! » Les troupes sont prêtes.