MEMRI Middle East Media Research Institute
Arabie saoudite : un père marie sa fille de dix ans à un octogénaire !
Des articles sur le phénomène des mariages d´enfants ont récemment été publiés dans la presse saoudienne. Ils
rappellent que cette pratique existe depuis les débuts de l´islam. En Arabie saoudite, pays qui applique la
Charia, les mariages de fillettes sont légaux car selon la tradition musulmane, le prophète Mahomet
aurait épousé Aïcha quand celle-ci n´avait que six ans. (a)
En août 2009, un rapport fait savoir qu´une fillette de dix ans s´est cachée pendant dix jours chez sa tante,
après que son père l´eut mariée à un homme de quatre-vingt ans. En réaction au rapport, des chroniqueurs
saoudiens ont écrit que les mariages de petites filles étaient incompatibles avec les valeurs islamiques et
enfreignaient la Convention 1989 des Nations Unies sur les Droits de l´Enfant, dont l´Arabie saoudite est
Une fille de CM2 mariée à un octogénaire
Le quotidien saoudien Okaz rapporte, le 25 août 2009, que le père d´une fillette de dix ans est venu chercher
cette dernière chez sa tante, où elle se cachait depuis dix jours, pour la ramener à son mari qui, selon la famille
de la fillette, est âgé de 80 ans. Dans une interview d´Okaz, le mari affirme ne pas encore avoir atteint les 80
ans, accusant la tante de la fillette de s´ingérer dans sa vie privée et soulignant que selon la Charia, un
mariage est légal si le père donne son consentement. Il explique en outre que le père lui avait d´abord offert
sa fille aînée, mais que celle-ci avait refusé le mariage ; il avait ensuite proposé la cadette, et l´octogénaire
avait accepté, n´ayant constaté aucun obstacle à leur union.
Réagissant à l´interview, Matouq Al-Abdallah, membre de la Commission saoudienne des Droits de
l´Homme, affirme que même si le pays n´a pas encore déclaré illégaux les mariages d´enfants, un rapport
publié en février 2009 par le ministère de la Santé a déterminé que de tels mariages étaient nocifs pour la santé
physique et mentale des mineurs et dommageables à la société.
Al-Abdallah a en outre fait savoir que les mariages de mineurs enfreignaient les droits de l´enfant tels que
présentés dans la Convention des Nations Unies sur les Droits de l´Enfant, dont l´Arabie saoudite est
signataire, qui qualifie les moins de 18 ans de mineurs. (1)
Un chroniqueur saoudien : les mariages d´enfants contreviennent aux valeurs islamiques
Khalaf Al-Harbi, chroniqueur saoudien et ancien directeur du quotidien saoudien Shams, fustige les mariages
d´enfants. Dans un article intitulé "Sauvez les fillettes qui vont à l´école primaire !" paru dans le quotidien
Okaz, il écrit : "Comment une fille qui va à l´école primaire peut-elle avoir été mariée à un octogénaire sans
que personne n´ait levé le petit doigt pour empêcher cette catastrophe ? Et comment est-il possible que, alors
même que ce triste épisode fait la une des journaux, le public y voie une « affaire privée » ?
Dans une interview accordée à Okaz, le marié nie avoir quatre-vingt ans (“) Il déclare que selon la Charia, un
tel mariage est permis si le père apporte son consentement (“) et raconte qu´il était d´abord censé épouser la
fille aînée (“) Que signifie tout cela ? L´aînée refuse d´épouser un octogénaire, alors le père lui offre la
Comment accepter une telle injustice ? Où sont toutes les héroïnes de la campagne ["Mon tuteur sait ce qui est
bon pour moi"] ? (2) Qu´elles nous expliquent la différence entre paternité et vente de légumes [au marché] !
Avant de découvrir ce rapport en première page d´Okaz, j´essayais de me solidariser de ceux qui disent que
nous sommes dans le collimateur des organisations des Droits de l´Homme. Toutefois, après avoir lu cet
article, je remercie le Seigneur de ne pas appartenir à l´une de ces organisations, car je me serais attaqué à
l´Arabie saoudite avec 60 fois plus de force qu´elles. Je me serais (“) déchiré les vêtements et j´aurais couru à
travers les rues comme Tarzan, parce que le monde est devenu une jungle où un père donne sa fille à un
octogénaire, tandis que la société considère cela comme une affaire familiale privée : ´Je suis heureuse tant
que le père est heureux.´
Ce type de mariage constitue une violation flagrante de la Convention internationale des Droits de l´Enfant,
dont l´Arabie saoudite est signataire. En outre, un comité du ministère de la Santé chargé d´enquêter sur le
phénomène des mariages d´enfants a conclu que ceux-ci engendraient des problèmes graves, d´ordre
physique, émotionnel et social.
Il est inconcevable que l´islam, qui est une religion humaine et compatissante, sanctionne ce type d´injustices.
Comment pouvons-nous laisser ce père et cet [époux] vicier de la sorte notre religion et notre société ? (“)" (3)
[1] ´Okaz (Arabie saoudite), 25 août 2009. Voir aussi MEMRI Inquiry and Analysis No. 502, "Rising
Criticism of Child Brid e Marriages in Saudi Arabia," 8 mars 2009,
[2] Voir MEMRI Inquiry and Analysis No. 559, "In Response to Calls to Improve Status of Saudi Women,
Saudi Princess Launches ´My Guardian Knows What´s Best For Me´ Campaign," 27 octobre 2009,
[3] ´Okaz (Arabie saoudite), 27 août 2009
(a) Lire : Moi Aïcha, 9 ans, épouse du Prophète Leïla Mounira Editions de Paris.
(b)http://www.al-islam.com/frn/