Fête de Notre-Seigneur Jésus-Christ, Roi
[Instituée en 1925 par l’encyclique Quas primas de Pie XI]
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En ce temps-là, Pilate dit à Jésus : « Tu es le roi des Juifs ? » Jésus répondit : « Dis-tu cela de toi-même, ou d’autres te l’ont-ils dit de moi ?» Pilate répondit : « Est-ce que je suis Juif ? Ta nation et les chefs des prêtres t’ont livré à moi : qu’as-tu fait ?» Jésus répondit : « Mon royaume n’est pas de ce monde ; si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs auraient combattu pour que je ne fusse pas livré aux Juifs, mais maintenant mon royaume n’est point d’ici-bas.»
Pilate lui dit : « Tu es donc roi ?» Jésus répondit : « Tu le dis, je suis roi. Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité : quiconque est de la vérité écoute ma voix. » (Jean 18,33-37).
Les textes de l’office qui ont été publiés pour la Fête du Christ Roi instituée par Pie XI permettent de célébrer la fête liturgiquement avec l’Église dans toutes ses parties. Nous allons donc examiner déjà l’annonce solennelle de la fête, dès la veille, par les premières vêpres. Là se dresse, pour ainsi dire, devant nous l’image du Roi : le Christ, le Roi de paix, dont le royaume est éternel et auquel tous les rois sont soumis. — Le soir, pendant la veillée nocturne, nous récitons et chantons en commun ou, du moins, en union d’esprit avec l’Église universelle les Matines, la prière dramatique de la fête. L’on a choisi dans le psautier huit psaumes royaux qui sont encadrés par des antiennes exprimant avec beauté et clarté le mystère de la fête. Les leçons ont été choisies, elles aussi, avec à-propos : celles du premier nocturne (il en est de même pour l’Épître) sont tirées de la lettre christologique de saint Paul aux Colossiens : l’universelle royauté du Christ sur le monde et sur l’Église y est magistralement exposée. Au second nocturne, nous entendons l’Encyclique de Pie XI exposer officiellement l’objet et la portée de la fête. Au troisième nocturne, la lecture la plus importante, le commentaire de l’Évangile, est faite avec beaucoup de pénétration par saint Augustin, le célèbre Père de l’Église. Les répons qui suivent les leçons offrent tout un parterre de passages bibliques riches de pensées et de sentiments sur la royauté du Christ (les quatre premiers sont empruntés à l’Ancien Testament ; les quatre derniers, au Nouveau). Dès le matin du jour de la fête, nous saluons, à laudes, dans le soleil levant, le Divin Soleil royal “ qui nous a arrachés à la puissance des ténèbres et nous a rendus dignes de partager le sort de ses saints dans la lumière ”. Ainsi préparés, nous nous rendons à la Messe. Au chant de l’Introït, le regard prophétique de saint Jean nous conduit devant le trône du Roi céleste ; celui-ci est le Divin Agneau immolé qui nous révèle maintenant encore sa grandeur royale et qui doit être proclamé Roi par tous. Le psaume 71 de l’Introït chante avec enthousiasme la royauté pacifique du Christ. Après une prière d’action de grâces pour notre incorporation au royaume et à la famille de Dieu, l’Apôtre des nations nous présente, dans l’Épître, le portrait du Roi sublime et tout-puissant de ce royaume et de cette famille. Le Christ est “ l’image du Dieu invisible ” ; “ en Lui tout a été créé ”, “ il est avant toutes choses et toutes choses subsistent en lui ”, il est “ la tête de l’Église ”, “ il devrait avoir en toutes choses la première place. ” Un portrait fouillé et magnifique de l’Homme-Dieu, notre Roi, adressé par l’Apôtre à la communauté qui lui était si chère ! Les chants psalmodiques unissent leur richesse de pensées et de sentiments aux lectures, comme un écho de l’Épître et une première note de l’Évangile. Le Graduel est une acclamation enthousiaste à l’adresse du Roi (Ps. 51) ; le chant de l’Alléluia y ajoute un mot pénétrant du prophète Daniel sur le Roi immortel de l’univers. A l’Évangile, le Christ est debout, prisonnier, devant Pilate. Le représentant officiel de l’empereur romain qui règne sur le monde est assis à son tribunal et il pose au Christ cette question : “ Es-tu roi ? ” “ Je le suis. ” La réponse ne pouvait être plus précise, plus claire ni plus vraie. Elle sortait de la bouche de celui qui allait bientôt, en signe de suprême dérision, être couronné d’épines et nanti d’un manteau et d’un sceptre de roi, et qui règne à jamais sur le trône céleste comme Roi du temps et de l’éternité. — La scène que nous venons de rappeler, extraite de l’Évangile de saint Jean, le disciple bien aimé, n’avait été chantée jusqu’ici, au cours de l’année liturgique, que dans la Passion du vendredi-saint. Elle est désormais utilisée comme Évangile dans tout le monde catholique à la grande fête royale de Notre Seigneur Jésus Christ. C’est un point culminant dans la liturgie de cette nouvelle fête solennelle. Les deux dernières processions sont accompagnées par deux chants royaux : le psaume 2 (Off.) et le psaume 28 (Comm.). Au Saint Sacrifice, le Christ paraît au milieu de nous : “ Le Seigneur règne en Roi pour l’éternité et bénit son peuple dans la paix ” (Comm.), la communion est aujourd’hui un festin royal.