Les 50 demandes du programme des Frères Musulmans
Les positions du fondateur du mouvement politico-religieux des Frères Musulmans, dans l'Égypte des années
1920, peuvent-elles inspirer l'expression de notre religion dans la France d'aujourd'hui?
Depuis peu, certaines initiatives et publications musulmanes en France multiplient les références aux positions
du fondateur d'un mouvement politico-religieux créé en 1927 en Égypte et appelé les «Frères Musulmans» :
Hassan al-Banna (1906-1949). Ces positions serviraient même de modèle à l'organisation de l'islam en France.
Ainsi, une récente brochure de l'UOIF (Union des organisations islamiques en France) reproduit le texte
d'une conférence de Mohsen Ngazou, le 3 mai 1998 au Bourget, portant sur «les critères pour une organisation
musulmane en France». L'auteur y procède à un éloge du fondateur des Frères Musulmans :
« ce qui a distingué l'Imam Hassan al-Banna, que l'on place à juste titre et avec tout le mérite dans la lignée
des grands penseurs et réformateurs de l'époque de la "Renaissance de la pensée islamique" et comme
l'héritier et le prolongement de Jamal-addine al-Afghani, Mohamed Abdou, Mohamed Rashid Ridha et bien
d'autres..., c'est qu'il a su greffer cette dimension organisationnelle à la dimension spirituelle et à la dimension
intellectuelle». Rien de moins !
Les références de cette brochure de l'UOIF, à la «mémoire musulmane» sont d'ailleurs assez sélectives et
l'auteur s'en prend aux «gens qui trouvent du plaisir en dénigrant Ibn Taymiyya [théologien hanbalite, mort
en 1328], Mohamed ibn Abdelwahab [fondateur du wahabisme, idéologie officielle de l'Arabie Saoudite],
Sayyed Qotb [penseur des islamistes égyptiens], Youcef al-Qaradaoui [auteur contemporain sur lequel
s'appuie le courant des Frères Musulmans] ou Fayçal Mawlawi [autre auteur de la mouvance des F.M.]... À
quoi sert de détruire la mémoire musulmane ? À quoi sert de démolir ces références musulmanes ?».
Quelle mémoire musulmane ?
Pourquoi restreindre la mémoire musulmane à ces cinq ou six personnes ? N'avons-nous pas besoin de toute la
mémoire musulmane pour apprécier la valeur de notre religion et réfléchir à l'expression d'un islam en prise
sur la modernité de notre société et sur les conditions de notre époque ? Pourquoi ne pas instruire le public de
ces «conférences» de la pensée de Tabarî ou de Zamakhsharî, exégètes du Coran ; d'al-Asharî ou de Tirmidhî,
grands théologiens ; d'Averroès ou d'Ibn Khaldun, esprits encyclopédiques ; des auteurs de l'Inde musulmane
tels Walî-Allâh et Ahmad Khan, Mohamed Igbal ou Abû I-Kalâm Azâd ; des réformateurs égyptiens
al-Tahtâwî, Mohamed Abdou ou Alî Abderraziq ; des penseurs algériens Ben Bâdîs et Malek Bennabi ; des
tunisiens Tahar Ben Achour, exégète, et Mohamed Talbi, historien ; du soudanais Mohamed Taha assassiné
par le régime de Numayri qui prétendait «appliquer la charîa» ; du penseur égyptien Nasr Abû Zeid persécuté
par les islamistes qui l'ont déclaré «apostat» et contraint à l'exil pour préserver son intégrité physique et sa vie
Faire référence à ces auteurs, et à d'autres encore, n'implique pas de les idéaliser. Il s'agit de les replacer dans
leur contexte pour les comprendre, sans croire qu'il suffirait «d'appliquer» leurs positions pour être un «bon
musulman». La vénération qui semble s'emparer de certains face à la figure de Hassan al-Banna, jusqu'à en
faire un modèle de spiritualité (brochure À la source du rappel, Farid Abdelkrim, HAB productions) alors que
les Frères Musulmans ont vivement combattu les confréries soufies égyptiennes (voir le livre de Rachida
Chih, Le soufisme au quotidien. Confréries d'Égypte au XX` siècle, préface de Michel Chodkiewicz,
Sindbad-Actes Sud, février 2000), n'est pas très rigoureux. De même qu'apparaît assez curieux l'initiative de
placer un intitulé éditorial sous les initiales HAB (pour Hassan al-Banna), ainsi qu'il arrive avec le magazine
des JMF (Jeunes Musulmans de France).
«La pensée de Hassan al-Banna est très mal connue en Occident, même si son nom est souvent invoqué»,
remarque Tariq Ramadan dans son livre Aux sources du renouveau musulman (Bayard éd.,)
Tariq Ramadan est le petit-fils de Hassan al-Banna. La pensée de Tariq Ramadan est la même que celle de son
1998, p. 26). En effet. Et c'est pour y pallier que la revue Islam de France a conçu de traduire le programme
des Frères Musulmans tel qu'énoncé par Hassan al-Banna en 1936.
18, rue des Fossés St Bernard
Et pour connaître Hassan al-anna, veuillez écouter la conférence
du Professeur Bassam Tahlan
http://www.medias-presse.info/bassam-tahhan-le-djihad-selon-le-fondateur-des-freres-musulmans/20585