Extinction de la chrétienté en Ifrikia
a) Pourquoi cette extinction des chrétiens ?
Quoi qu'il en soit, il est certain que la tolérance musulmane a cessé d'exister à l'égard des chrétiens d'Afrique à
trois époques, comme nous l'avons dit précédemment :
1° en 717, année où Omar Il les força d'embrasser l'Islam ou de quitter le pays :3
2° Sous Idris I° au commencement du VIII° siècle et sous Abd el Moumen au milieu du XI°. Idris dans le
Maroc, depuis l'Océan jusqu'à Tlemcen, et Abd el Moumen dans tout son empire, de Fez à Tripoli ont
certainement pris à tâche d'étouffer dans le sang les derniers restes du christianisme africain et d'appliquer
dans toute sa rigueur le terrible
Cette mise en demeure où Omar Il plaça les chrétiens est encore une preuve de plus qu'ils devaient être une
infime minorité; car il n'aurait pas pris une pareille mesure s'ils avaient été, sinon la masse, du moins une
minorité de quelque importance.
VANSLEB, (Hist. de /'Eglise d'Alexandrie, p. 327) rapporte que, sous le patriarche Jean (1300-1320), une
rude persécution fut essuyée par les chrétiens en Egypte.
Le sultan les obligea d'avoir tous, le turban bleu (les Juifs devaient le porter jaune): montés à âne (le cheval
leur était interdit), ils devaient avoir les deux pieds du même côté, sans quoi, on les jetait à bas, et on les tuait ;
il ferma ensuite leurs églises. (Journ, Asiat., 1851, I.IX. p. 485).
Mais les Juifs ont été soumis aux mêmes vicissitudes que les chrétiens, pourquoi ceux-ci ont-ils disparu,
tandis que ceux-là ont résisté à l'épreuve ? Il y a donc dans le fait historique de l'extinction du christianisme en
Afrique des causes cachées, du moins peu étudiées, qui doivent nous donner la vraie explication, je pourrais
dire la philosophie de ce désastre sans exemple, puisque ni l'Égypte, ni la Syrie, ni l'Espagne, etc., ne l'ont
connu, bien qu'elles aient eu à souffrir des persécutions aussi sanglantes que celles auxquelles a été soumise
l'ancienne Afrique romaine.
Mais alors si les violences, les massacres, les persécutions ne suffisent pas pour expliquer d'une façon
adéquate la disparition si rapide, si complète du christianisme en Afrique, quelles autres causes peuvent donc
Ce que nous avons dit dans les chapitres précédents les indique, ce nous semble, assez clairement : Pour nous,
la cause doit être cherchée surtout, osons dire ce mot :
1° Dans le petit nombre des fidèles indigènes restés debout, après la disparition des chrétientés
latino-africaines, lesquelles formaient, au V° siècle, la presque totalité de l'Église d'Afrique.
2° Dans la mauvaise qualité de ces chrétiens qui ont apostasié en masse, soit au moment même de la conquête,
soit quelques années après, fatigués qu'ils furent de payer l'impôt, au prix duquel ils pouvaient conserver la
liberté de leur foi.