SAINT JEAN DAMASCENE
CONTEMPORAIN DU PROPHETE MUHAMMAD
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SAINT JEAN DAMASCENE
SUR LE SAINT-ESPRIT : DEMONSTRATION COROLLAIRE.
Dieu doit avoir le Verbe et l'Esprit. Notre propre verbe n'est pas séparé du souffle, mais en nous le souffle est autre que notre être. L'entrée et la sortie de l'air qui pénètre et s'exhale du corps soutient celui-ci et au cours de l'élocution ce souffle devient la voix du verbe, voix qui porte en elle la puissance de ce verbe. C'est pourquoi il faut confesser en toute pièté que dans la nature divine qui est simple et non composée il y a aussi l'Esprit de Dieu ; car le Verbe n'est pas moins pourvu que notre propre verbe. Mais il y a de l'impiété à dire que l'Esprit est quelque chose d'autre, venu du dehors par rapport à Dieu, comme ce l'est pour nous qui sommes faits de parties. Nous avons entendu le Verbe de Dieu, il n'est pas pour nous dénué de substance, ni n'est venu comme un objet d'étude, ou comme une voix proférée, répandue et disparaissant dans l'air, non ; nous le tenons pour subsistant par essence en Lui, par libre choix, opérant en toute puissance. De la même manière l'Esprit de Dieu nous a été enseigné comme allant toujours avec le Verbe, manifestant son énergie et nous ne l'entendons pas comme une spiration sans substance. Si nous entendions l'Esprit en lui à la ressemblance de notre propre souffle, alors la grandeur divine serait abaissée ignominieusement ; il est pour nous puissance essentielle, considérée en elle-même dans une hypostase particulière, venant du Père reposant dans le Verbe, étant son illustration il ne faut ni le séparer de Dieu en qui il est, ni du Verbe que la Foi orthodoxe accompagne ; il est doué de puissance il ne s'écoule pas vers une inexistence, mais à la ressemblance du Verbe il a son hypostase, il est vivant, il a son choix libre, il se meut par lui-même, opérant, voulant toujours le bien ; il possède la puissance qui s'accorde à sa volonté et elle n'a ni commencement ni fin. Car il n'a jamais manqué ni au Père le Verbe, ni au Verbe l'Esprit. Ainsi par l'unité de nature la pluralité de dieux des Hellènes apparaît comme une erreur ; par l'Esprit, le dogme des juifs est supprimé. Il reste de chacune de ces hérésies ce qui est utile ; de la conception de Juifs, l'unité de nature, de celle des Hellènes la seule distinction par hypostases. Si le Juif vient à rétorquer contre la doctrine du Verbe et de l'Esprit, que la divine Écriture le confonde et le réduise au silence.
Au sujet du Verbe le divin David déclare : « Ton Verbe, ô Seigneur, perdure dans les siècles » (Ps 118-39). « Il a envoyé son verbe et ils sont guéris » (Ps. 106-20). Car le verbe proféré ne peut être envoyé, pas plus qu'il ne demeure, dans les siècles [12]. A propos de l'Esprit le même David dit : « Tu envoies ton souffle et ils sont créés » (Ps. 104-30). Et ailleurs : « Par le Verbe du Seigneur, les Cieux ont été posés et par le souffle de sa bouche toute leur puissance. (Ps. 23-6), et Job : « L'esprit divin m'a fait, l'haleine du Tout-Puissant m'a préservé ». (33-4). L'Esprit qui a été envoyé, qui crée, affermit et conserve, n'est pas un souffle évanescent, ni la bouche de Dieu un organe corporel ; il faut interpréter l'un et l'autre comme il convient à Dieu.