Elle enfantera son Fils premier né.
Ne nous étonnons pas que si de simples paroles recèlent un sens aussi profond, lorsque ce petit enfant qu?elle
nous montre, recèle Dieu.
Après l?adoration des bergers vient celle des mages. On dirait que Jésus-Christ ne saurait trop à son gré se
montrer enfant sur le sein de sa Mère. C?est dans cet état qu?il veut faire voir toute sa faiblesse ; c?est sur ce
trône qu?il veut faire adorer toute sa grandeur. Dans aucun temps de sa vie, il n?a paru si homme, ni n?ait été
reconnu si Dieu. Et comme c?est de Marie qu?il veut tirer le plus sensible témoignage de sa faiblesse
humaine, c?est sur Marie qu?il reflète le plus vif éclat de sa divinité.
C?est pourquoi ce n?était pas assez de l?adoration des bergers, il fallait encore l?adoration des rois ; ce
n?était pas assez de l?adoration des Juifs, il fallait l?adoration des gentils ; ce n?était pas assez de la nature
angélique, il fallait la nature physique pour proclamer ce grand enseignement.
Sans vouloir diminuer le prodige céleste qui attire les mages de l?Orient à Bethléem, il faut rappeler cette
grande circonstance historique où il s?est produit, et qui était comme la préparation,
« que c?était une opinion invétérée et accréditée dans tout l?Orient, sur le fondement d?anciens
oracles, que de la Judée devait, en ce temps-là, sortir une puissance génératrice de l?univers. »
Tacite, Suétone et Josèphe rapportent ce bruit dans des termes tellement identiques, qu?on voit bien qu?ils
Cicéron et Virgile, le premier dans son traité De la Divination, le second dans sa quatrième églogue,
témoignent aussi que c?était là la grande préoccupation de leur temps. Vespasien et Hérode cherchèrent à
l?exploiter au profit de leur ambition. Toute la Judée enfin, d?où ce grand événement était attendu, en était
tellement préoccupée, que, comme nous le voyons dans l?histoire de Josèphe non moins que dans l?Evangile,
ce n?était pas une question de savoir si le Messie allait venir, mais qui était le Messie entre tous les
prétendants à cette grande destinée.
Si quelqu?un vous dit : « Le Christ est ici, ou il est là, ne le croyez point ; car il s?élèvera de faux Christs qui
feront des choses étonnantes pour séduire, s?il était possible, les élus eux-mêmes. » (Matthieu 24, 24), tel était
l?état d?esprit dans la Judée et dans l?Orient, et c?est là une preuve les plus considérables de notre foi.
Cette croyance universelle qu?une puissance régénératrice devait venir pouvait avoir son fondement, surtout
parmi la gentilité, dans les prédictions des sibylles. Lactance (De divin. Instit. Li. 1), saint Augustin (De
Civit. Dei, lib. 18, cap. 23) et d?autres docteurs de l?Eglise ont merveilleusement justifié par leurs prédictions
Les principales sont au nombre de douze. Elles ont vécu longtemps avant la naissance du Sauveur ; quelques
unes l?ont devancé de près de deux mille ans. Citons- les en notre douce langue française.
Mais auparavant, citons cette séquence tirée du graduel PREMONTRE, intitulé :
LAETABUNDUS