NOTRE DAME DE BONNE DELIVRANCE
Parmi les plus remarquables et les plus anciens pèlerinages de Paris en l'honneur de la Très Sainte-Vierge, il
faut citer celui en l'honneur de Notre-Dame-de-Bonne-Délivrance.
On vénère sous ce nom une grande statue de pierre polychrome qui se trouve aujourd'hui dans la chapelle des
soeurs hospitalières de Saint-Thomas de Villeneuve, au 52, boulevard d'Argenson à Neuilly-sur-Seine.
Il s'agit d'une Vierge à l'Enfant datant du XIVe siècle, haute d'un mètre cinquante. Ses couleurs sont celles
d'origine : la Vierge, au teint d'ébène - comme l'Enfant-Jésus qu'Elle porte sur le bras gauche - sourit avec
gravité. Elle est vêtue d'une tunique rouge, couleur de l'amour et du martyre, semée d'étoiles d'or, retenue par
une ceinture également d'or, et enveloppée d'un ample manteau bleu nuit fleurdelysé, galonné d'or et doublé
d'hermine. A ce manteau reproduisant celui de nos Rois, l'« ymagier » médiéval a ajouté d'autres symboles de
royauté : une couronne sculptée à même la pierre, posée sur un voile blanc, et un sceptre lui aussi fleurdelysé.
Cette « Vierge noire de Paris », comme on l'a appelée à juste titre, fut jadis vénérée dans l'église Saint-Étienne
des Grès, détruite lors de la « grande révolution ». Cette église s'élevait à l'angle de l'actuelle rue Cujas et de la
De pieuses traditions faisaient remonter l'origine de ce sanctuaire à un oratoire construit par saint Denis. Les
fouilles entreprises à cet endroit ont attesté qu'un sanctuaire existait là au début de l'ère mérovingienne
(Ve-VIIe siècles). La Vierge Marie y était-elle déjà honorée d'une manière spéciale ? On ne peut l'affirmer...
On sait par contre que l'église, pillée et en partie détruite par les Normands, fut relevée au XIe siècle par le
chapitre de Notre- Dame qui y fonda une collégiale afin d'assurer chaque jour des offices solennels et
réguliers. On sait aussi que, dès cette époque, une antique statue de Notre-Dame était présentée à la dévotion
de nombreux fidèles dans une chapelle latérale qui avait un accès direct sur la rue. Ne sont-ce pas là les
indices d'un pèlerinage déjà ancien qu'on voulait restaurer ?
La création de la Sorbonne, en 1253, et, dans son sillage, celle de nombreux collèges destinés à accueillir les
étudiants ne fit pas que donner au quartier un caractère particulièrement vivant, voire exubérant, mais aussi
celui d'une profonde piété. Au XIVe siècle, période de troubles et d'instabilité, le culte de
Notre-Dame-de-Bonne-Délivrance se développa : ce vocable n'est-il pas propre à inspirer confiance ?
L'antique image de la Vierge (a-t-elle été détruite ?) fut remplacée par la statue que nous avons décrite.
Une confrérie de Notre-Dame-de-Bonne-Délivrance fut fondée au début du XVIe siècle : elle atteignit
rapidement le chiffre de douze mille membres ! Toutes les classes de la société y étaient représentées, des
princes aux plus humbles artisans. Pendant tout l'Ancien Régime, la confrérie organisa le culte de la Vierge
Noire, des processions populaires et, grâce aux fonds recueillis, aida à la délivrance des prisonniers.
Le jeune François de Sales, étudiant, était un habitué du sanctuaire ; chaque jour, nous dit-il, il allait
« faire sa cour à sa Reine ». C'est devant cette Vierge qu'il fit v?u de chasteté, et c'est encore devant elle qu'il
fut délivré d'une terrible et persistante tentation de désespoir. Saint Vincent de Paul était, lui aussi, un fervent
de celle qu'il nomme « la Vierge des âmes en peine ». Monsieur Olier vint à ses pieds, avec douze disciples,
inaugurer la fondation du séminaire de Saint-Sulpice, de même que Claude Poulard des Places celle de la
congrégation du Saint-Esprit. Le reine Anne d'Autriche fit inscrire son jeune fils, le futur Louis XIV, dans la
confrérie ; depuis lors, la coutume fut d'y associer les Enfants de France dès leur naissance. Mais la révolution
ferma le sanctuaire en 1790, en vendit le mobilier et le démolit.
La statue fut rachetée par une chrétienne courageuse, Madame de Carignan Saint Maurice, qui lui aménagea
un oratoire en son hôtel particulier de la rue Notre-Dame-des-Champs. Incarcérée en septembre 1793,
Madame de Carignan fut détenue avec des religieuses de Saint-Thomas de Villeneuve auxquelles elle parla
des prodiges de grâces obtenus par Notre-Dame-de-Bonne-Délivrance : de la prison s'élevèrent alors de
ferventes prières vers la « Vierge des âmes en peine »... et la délivrance survint.
Quand le culte put reprendre, Madame de Carignan céda aux religieuses la statue de la Vierge libératrice ;
elles la placèrent dans la chapelle de leur couvent, sis alors rue de Sèvres. Beaucoup de Parisiens se
souvenaient d'avoir prié la Vierge Noire à Saint-Étienne des Grès et sa réapparition fut accueillie avec joie : le
pèlerinage ne tarda pas à renaître, à se développer. La Madone obtint des protections spéciales à ses dévots
dans les révolutions de 1830 et 1848 et surtout lors du siège de Paris et de la Commune.
Sainte Madeleine-Sophie Barat puisa près d'elle des inspirations pour la fondation des Dames du Sacré-Coeur;
dom Guéranger vint confier à Notre-Dame-de-Bonne-Délivrance la restauration de l'ordre bénédictin ; le
comte Albert de Mun la priait pour ses oeuvres sociales, Frédéric Ozanam pour les conférences de
Saint-Vincent-de-Paul ; Mgr de Ségur, le cardinal Richard étaient au nombre de ses dévots et, le 29 avril
1883, saint Jean Bosco tint à célébrer la Sainte Messe à son autel. Enfin, le 2 juillet 1906, la statue fut
solennellement couronnée au nom du pape saint Pie X.
Mais, en janvier 1907, les soeurs de Saint-Thomas de Villeneuve durent quitter la rue de Sèvres en raison des
travaux de percement du boulevard Raspail qui les expropriaient. C'est ainsi qu'elles emmenèrent la statue
miraculeuse à Neuilly où elles firent construire une grande chapelle. La Vierge Noire y trône depuis lors et ne
cesse d'y répandre ses grâces : protection lors des guerres, guérisons, naissances facilitées... et, plus encore,
conversions et grâces intérieures. Aujourd'hui comme autrefois, la « Vierge des âmes en peine » mérite bien
NOTRE-DAME-DE-BONNE-DÉLIVRANCE
Si Dieu le veut, je créerai une association loi 1901 portant le nom de :
Confrérie de NOTRE DAME de BONNE DELIVRANCE.
Le siège sera dans le département du Nord.
D'ores et déjà, je fais appel aux âmes de bonne volonté comme nous le chanterons cette nuit dans le Gloria.