NOTRE PÈRE SAINT ELIE PROPHETE
Elie est le grand Prophète, né à Thesbé plus de 900 ans avant Jésus-Christ, et suscité par Dieu au temps de l'impie roi Achab, pour prêcher et entretenir le culte du vrai Dieu dans le peuple d 'Israël, en cette malheureuse période d’apostasie. L'Eglise dans la Messe de ce jour, donne dans ses grandes lignes, la mission de cet homme de Dieu ; surtout l 'Epître et la Préface forment un résumé parfait de son existence passée~ et future, alors que l'Evangile nous raconte sa présence à la transfiguration du Sauveur. De tous temps, Elie a été considéré dans l’Ordre du Carmel comme son Patriarche, voire même comme son fondateur ; jamais on n'a cru qu'on eût un autre Père. Le Prophète, sur l'injonction de Dieu, s'était retiré dans la solitude du Carmel, pour s'y préparer à la mission qu'il avait à remplir. Il y réunissait des disciples qui se sanctifiaient à son exemple par la prière et la pénitence. Leurs adeptes s'y succédaient à travers les siècles, vénérant le Prophète comme leur Père, et la Vierge Marie Mère de Dieu comme leur Mère et leur Reine. Elie n'est pas mort entre ses enfants : l'Ecriture rapporte comment il a été enlevé sur un char de feu. Vit-il encore dans sa chair mortelle ou est-il définitivement au ciel ? L'Eglise ne s'est pas prononcée sur le sens de la prophétie de Malachie, qui annonce que Dieu enverra Elie avant que vienne le grand et terrible jour du Seigneur. Mais les fidèles, dont Saint Augustin se faisait l'écho de son temps, sont convaincus qu'Elie vit toujours dans son corps mortel en attendant sa mission dernière à la fin du monde. L 'Ordre du Carmel en particulier, attend son Père pour nous préparer au second avènement du Christ. L'introït de la Messe commence par l'annonce de sa venue et la Préface la rappelle. De savants commentateurs de [‘Ecriture, interprétant le chapitre XI, voient dans les deux témoins du Christ, qui seront tués par l'Antéchrist, Elie et Hénoch, et enseignent qu'ils subiront le même supplice que le divin Maître, celui de la croix. Aussi l'Eglise permet-elle à l'Ordre du Carmel, de le vénérer par anticipation comme martyr. C'est pourquoi on célèbre la Messe en son honneur avec des vêtements rouges. Entre temps, de son lieu de repos, le Patriarche de l'Ordre veille avec sollicitude sur ses enfants. On lit dans la vie de Saint Pierre-Thomas, que ce saint, priant la Sainte Vierge pour la conservation de son Ordre, la Mère de Dieu lui apparut et lui dit : « Pierre, ne crains point, notre religion du Carmel durera jusqu'à la fin du monde ; car Elie, son premier Patron, a intercédé pour elle auprès de mon Fils, le jour de la Transfiguration, et il a été exaucé "· En maintes circonstances encore il a protégé ses disciples, surtout ceux qui résident à la montagne du Carmel, par des interventions merveilleuses ; au point que les Mahométans eux-mêmes en sont venus à respecter généralement les religieux, par crainte du Prophète, dont ils redoutent la vengeance. Les exemples qu'ils rapportent tiennent peut-être beaucoup de la légende ; toutefois, on signale aussi des faits, dont l'authenticité est prouvée par des témoignages irréfutables. L'établissement des Carmes Déchaussés en Perse a été marqué par des apparitions merveilleuses du Prophète, dont la vérité a été confirmée sous la foi du serment. Il est à noter qu'on voyait généralement le Saint revêtu du manteau blanc du Carmel. La Bienheureuse Anne de Saint-Barthélemy, elle aussi, raconte dans son autobiographie, une vision qu'elle aurait eu du Saint Patriarche. « Pendant que les Pères Déchaussés tenaient un chapitre (au début de la Réforme), et que j'étais à Avila, je priais un jour, après la sainte Communion, pour le succès de ce chapitre. Et voilà que, au milieu de mon recueillement, le Seigneur me montra au-dessus de cette assemblée une nuée lumineuse, splendide comme le soleil, et par-dessus, Saint Elie notre Père, étendant son manteau sur tout le chapitre, comme pour en prendre la paternelle protection ... » Dans l'attente de revoir Notre Père parmi nous, nous demandons dans l'Oraison de sa fête, que l'Ordre récite chaque jour à plusieurs reprises, que, le croyant enlevé sur un char de feu vers le ciel, nous puissions par son intercession être élevés aux choses célestes et jouir de la familiarité des Saints. A cet effet, le moyen par excellence, c'est notre communication avec Jésus-Eucharistie, dont le pain d'Elie fut une des plus belles figures dans l'Ancien Testament. L'Eglise ne pouvait ['ignorer dans la liturgie de cette fête.