TRAITÉ DU SAINT—ESPRIT.
Mgr GAUME – Tome Premier - page 273
La prière est tellement le signe distinctif de l’homme, que les païens eux-mêmes l’ont défini un animal qui prie : Animal religiosum. Notre-Seigneur lui-même définit le chrétien : Un homme qui prie toujours : Oportet semper orare et numquam deficere. Ainsi, dès que l’homme cesse de prier, il tourne à la bête. S’il ne prie guère, il est à moitié bête ; s’il ne prie plus du tout, il est tout à fait bête. Ce n'est pas nous qui le disons, c'est la Vérité elle-même s'exprimant par la bouche de saint Paul, homme animal, animalis homo.
Or, il est notoire que le premier acte de l'homme devenu citoyen de la Cité du mal, c'est de renoncer à la prière.
Un exemple entre mille. S'il y a dans la vie ordinaire une circonstance où la prière soit sacrée, c'est l'heure solennelle du repas. Nous disons solennelle, parce que le repas est une action profondément mystérieuse. En mangeant, l'homme communie. il communie aux créatures, et de la manière la plus intime, puisqu'il les transforme en sa propre substance. Or, toutes les créatures sont viciées par l'Esprit du mal, à qui elles servent de véhicules, pour s'introduire dans l'homme et lui communiquer ses poisons. Séparée de la prière qui les purifie en chassant le démon, cette assimilation est évidemment pleine de périls. Ainsi l'a compris l'humanité tout entière.
De là, ce fait, autrement inexplicable, que tous les peuples, même païens, ont prié avant de manger. Le fait étant universel a donc une cause universelle. Une cause universelle est une loi. Prier avant de manger est donc une loi de l'humanité. Le mépris orgueilleux, le sourire imbécile, n'y font rien. Toujours il restera qu'on ne connait dans la nature que deux sortes d'êtres qui mangent sans prier : les bêtes et ceux qui leur ressemblent.
Nous disons qui leur ressemblent; car on peut mettre au défi tous les contempteurs du Benedicite, ce qui est peu, mais tous les naturalistes du monde de trouver une différence, entre l'homme qui mange sans prier, et un chien ou un pourceau. S'assimiler aux bêtes dans une circonstance où tous les peuples, même païens, ont senti la nécessité de s'en distinguer : voilà ce qu'ils font ! Et parce qu'ils le font, ils se tiennent pour.de grands esprits Il a fallu venir à notre époque d'épais matérialisme, pour rencontrer des hommes qui se croiraient déshonorés, si deux fois le jour, ils ne s'assimilaient ostensiblement à l'âne ou au crocodile : homo, cum in honore esset, non intellexit : comparatus est jumentis insipientibus et similis factus est illis..
Exemple de prière avant le repas :
Bénissez-nous, Seigneur, bénissez ce repas, les mains qui l’ont préparé, faites-nous la grâce d’en bien user pour votre Gloire et pour notre salut, donnez le pain spirituel à ceux qui ne l’on pas et gardez nos âmes dans la paix. Ainsi soit-il.
On peut ajouter un Je vous salue Marie, la prière qui fait trembler les enfers car elle rappelle la défaite de Satan.
Après le repas :
Nous vous rendons grâce pour tous vos bienfaits, Ô Dieu tout-puissant qui vivez et régner dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il. Et que par la miséricorde de Dieu, les âmes des fidèles trépassés reposent en paix. Ainsi soit-il.