Témoignage de sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus.
« Après avoir signalé quelques troubles intérieurs et secrets qui me venaient du démon, je veux en rapporter d'autres dont j'étais assaillie presque en public, et où l'action de cet esprit des ténèbres était visible.
Je me trouvais un jour dans un oratoire, lorsqu'il (le démon) m'apparut à mon côté gauche sous une forme affreuse. Pendant qu'il me parlait, je remarquais particulièrement sa bouche : elle était horrible. De son corps sortait une grande flamme, claire et sans mélange d'ombre. Il me dit d'une voix effrayante que je m'étais échappée de ses mains mais qu'il saurait bien me ressaisir.
Ma crainte fut grande. Je fis, comme je pus le SIGNE DE LA CROIX. Il disparut, mais il revint aussitôt. Mis en fuite par un nouveau Signe de Croix, il ne tarda pas à reparaître. Je ne savais que faire. Enfin, je jetai de l'eau bénite du côté où il était et il ne revint plus.
Un autre jour, il me tourmenta durant cinq heures par des douleurs si terribles et par un trouble d'esprit et de corps si affreux, que je croyais ne plus pouvoir longtemps résister.
Il plut au Seigneur de me faire voir qu'il venait du démon ; car j'aperçus près de moi un petit nègre d'une figure horrible, qui grinçait des dents, désespéré d'essuyer une perte où il croyait trouver un gain. Je n'osais demander de l'eau bénite de peur d'effrayer mes compagnes et de leur faire connaître d'où cela venait.
Je l'ai éprouvé bien des fois, RIEN n'égale le POUVOIR DE L'EAU BENITE pour chasser les démons et les empêcher de revenir. Ils fuient aussi à l'aspect de la Croix, mais ils reviennent.
La vertu de cette eau doit donc être bien grande ! Pour moi, je goûte une consolation toute particulière et fort sensible lorsque j'en prends.
D'ordinaire elle me fait sentir comme un renouvellement de mon être que je ne saurais décrire et un plaisir intérieur qui fortifie toute mon âme.
Ce n'est pas une illusion, je l'ai éprouvé un grand nombre de fois et j'y ai fait une attention fort sérieuse. Je compare volontiers une impression si agréable à ce rafraîchissement qu'éprouve dans toute sa personne celui qui, excédé de chaleur et de soif, boit un verre d'eau froide.
Je considère à ce sujet quel caractère de grandeur l'Eglise imprime à tout ce qu'elle établit. Je tressaille en voyant la force mystérieuse que ses paroles communiquent à l'eau et l'étonnante différence qui existe entre celle qui est bénite et celle qui ne l'est pas.»
Reprenant l'histoire de l'apparition satanique, la Sainte ajoute :
« Enfin, ayant demandé de l'eau bénite, j'en jetai du côté où était l'Esprit des Ténèbres, et à l'instant il s'en alla. Tout mon mal me quitta comme si on me l'avait enlevé avec la main.
Je restai néanmoins toute brisée et comme rouée de coups de bâton. Une leçon bien utile venait de m'être donnée : je pouvais me former une idée de l'empire tyrannique exercé par le démon sur ceux qui sont à lui, puisqu'il peut, quand Dieu le lui permet, torturer à un tel excès une âme et un corps qui ne lui appartiennent pas.
Il y a peu de temps, je me vis attaquée avec la même furie ; mais le tourment ne fut pas si long ; J'étais seule, je pris de l'eau bénite et à peine en avais-je jetée que le tentateur disparut ; à l'instant même, entrèrent deux religieuses dignes de foi et qui n'auraient pas voulu pour rien au monde dire un mensonge.
Elles sentirent une odeur très mauvaise comme du souffre. Pour moi, je ne le sentis pas, mais d'après leur témoignage, elle dura assez longtemps pour avoir tout le loisir de s'en apercevoir.»
Nous venons de lire la puissance de l'Eau Bénite.
Que cela nous incite à en avoir toujours dans notre maison, mais ce serait en vain si nous n'en faisions qu'un usage insignifiant.
Mettons-la au chevet de notre lit pour faire sur lui, tous les soirs, le Signe de la Croix avec l'Eau Bénite.